Le professeur Ruslan Medzhitov est professeur d’immunologie à l’université de Yale aux Etats-Unis. Il explique comment le jeûne agit lors d’une infection.
Quand vous tombez malade, vous n’avez en général pas faim. C’est le cas également pour les mouches, les rongeurs mais aussi pour les chiens et les chats par exemple. Cette réaction, communément appelée comportement de maladie se manifeste quand on est atteint d’une infection.
Lors d’une infection, votre organisme est endommagé de deux manières :
- Par l’action de l’élément pathogène (virus, bactérie, etc.)
- Par l’action du système immunitaire qui en combattant l’infection génère des protéines mal repliées et des dérivés réactifs de l’oxygène (DRO).
Pour analyser les dommages causés par le système immunitaire lui-même, une expérience a été faite. Des rongeurs ont été infectés d’un virus tandis que d’autres ont été infectés par des bactéries. Puis ils ont été nourris. Les souris infectées par les bactéries sont mortes tandis que celles infectées par le virus ont survécu. Les chercheurs ont alors cherché à comprendre quelle nourriture était coupable. Ils ont rapidement découverts que le glucose était le responsable. En supprimant la possibilité d’utiliser le glucose par les cellules par l’utilisation de médicaments comme le 2dg et DMH les souris infectées par les bactéries survécurent alors et celles infectées par les virus moururent. Ils ont donc constaté le contraire de l’expérience précédente.
Pourquoi ?
Les cellules ont besoin des nutriments justes pour effectuer certaines tâches. Ainsi, lors d’une infection ce que nous mangeons déterminent quels nutriments vont être disponibles pour les cellules et donc quelles stratégies de défense elles peuvent mettre en place. Les chercheurs ont découverts lors d’une infection bactérienne, les cellules ont besoin de corps cétoniques, pour éradiquer les DRO toxiques qui s’accumulent. Or lors d’un jeûne, les corps cétoniques sont générés en l’absence de présence de glucose. En revanche, lors d’une infection virale, les cellules ont besoin de glucose pour répondre de manière efficace à l’accumulation des protéines repliées quand le glucose est abondant dans l’organisme.
Ainsi, lors d’une infection bactérienne, la pire des stratégies seraient de manger, tandis que les dégâts seraient moindres si on apporte du glucose à l’organisme dans un contexte d’infection virale.
A titre personnel, pratiquant régulièrement le jeûne sec, je me suis rendue compte, comme nombre de membres de mon groupe qu’un gros rhume est eradiqué efficacement en 24 heures de jeûne sec. Virus ou bactérien, je ne sais pas, mais un jeûne sec immédiat l’empêche de s’installer.
Si vous comprenez l’anglais, vous trouverez cette petite vidéo explicative réalisée par le professeur Ruslan Medzhitov sur laquelle je me suis basée pour écrire cet article. Vous trouverez ici l’article scientifique qui présente les résultats des expériences.
Je ne peux que saluer le travail des chercheurs américains, qui loin de l’obscurantisme moyenâgeux sur la question du jeûne thérapeutique qui règne sous les cieux français, donnent raison à ceux qui pratiquent le jeûne thérapeutique. Ils sont une bouffée d’oxygène. Ainsi, si malade, vous n’avez pas envie de manger, ne mangez pas et culpabilisez pas.