Etude scientifique : les bénéfices physiologiques du jeûne sec

Désert du Kalahari, Namibie. Crédit Shutterstock

Le jeûne sec qui consiste à ni manger ni boire est de plus en plus pratiqué. Malgré les réserves et les avertissements des autorités médicales, il est de plus en plus en vogue en Occident.

D’un point de vue historique son usage thérapeutique et religieux remonte au moins au moins aux premiers chrétiens autour du premier siècle après J.-C. Ainsi, on retrouve encore la pratique du jeûne prolongé pratiqué principalement chez certains chrétiens orthodoxes de Grèce et de Russie. Il est aussi très utilisé dans un contexte uniquement religieux et journalier chez les musulmans (ramadan) et dans diverses religions d’Asie. Les animaux sont aussi de très grands pratiquants du jeûne sec.

A la faveur d’internet qui permet une diffusion de l’information et depuis la validation du jeûne prolongé par le Pr Valter Longo, sa pratique a pris un essor certain. Considéré comme plus efficace par les jeûneurs eux-mêmes, il semble faire des miracles en un temps record : perte de poids, rajeunissement, inversion du cours des infections, guérisons etc.

Si en Occident les études sont rares, celle qui sert de référence date de 2013 et a montré que le caractère « sans danger » du jeûne sec. Réalisée sur 10 personnes âgées de 19 à 66 ans apparemment en bonne santé, elle s’est révélée sûre, a diminué le poids et toutes les circonférences mesurées et a amélioré considérablement la fonction rénale des participants.

Une nouvelle étude, réalisée également par la même équipe vient de livrer ses résultats. Intitulée Dry Fasting Physiology: Responses to Hypovolemia and Hypertonicity elle est allée plus loin que la première.

Objectif : Le but de cette étude était de fournir un aperçu plus approfondi de la physiologie du jeûne sec (JS).

Conception : Dix participants (3 hommes et 7 femmes de 30 à 65 ans) ont exécuté un JS pendant 5 jours consécutifs.

Tous les participants suivaient leurs tâches quotidiennes à un niveau modéré. Les jours 2 et 3, 5 d’entre eux ont montré des signes de fatigue, 1 nausée, 5 maux de tête et 2 douleurs musculaires. Les jours 1 à 5, 3 d’entre eux se plaignaient de douleurs musculaires, de faiblesse, alors que les jours 4 et 5, tous les participants ont mentionné une légère sensation de soif et un désir de fruits frais, aigres, juteux et sucrés.

Méthodes : les paramètres suivants ont été contrôlés quotidiennement : cortisol, aldostérone, protéine C-réactive à haute sensibilité (CRP), érythropoïétine, albumine, acide urique et vitamine C dans le sérum; vasopressine (ADH), hormone adrénocorticotrope (ACTH), rénine, angiotensine II et capacité antioxydante totale (TAC) dans le plasma ; hématocrite et érythrocytes dans le sang total; osmolalité, noradrénaline, dopamine, adrénaline, Na + et K + dans l’urine de 24 h ; tour de taille et poids corporel, urinaire et des selles.

Résultats : les paramètres suivants ont augmenté : ADH (60 ± 11%), ACTH (176 ± 34%), cortisol (495 ± 75%), osmolalité urinaire (20 ± 4%), CRP (167 ± 77%), rénine ( 315 ± 63%), angiotensine II (74 ± 21%), aldostérone (61 ± 21%), TAC (80,4 ± 17%), acide urique (103 ± 19%), albumine (18,4 ± 2,4%), érythrocytes ( 13,4 ± 2,2%), l’hématocrite (11 ± 1,8%) et l’excrétion de noradrénaline (40,3 ± 10%) et de dopamine (17 ± 5%).

Les paramètres suivants ont diminué : tour de taille (8,20 ± 0,61 cm), poids corporel (7,010 ± 0,3 kg), érythropoïétine (65 ± 18%) et excrétion d’adrénaline (38 ± 4%) et de Na + (60 ± 16%).

L’excrétion de K + est restée inchangée.

La vitamine C a diminué, montrant une demi-vie de 4,8 ± 0,7 jours. Les pourcentages de perte de poids étaient les suivants : urine (52,2 ± 3,7%), perte insensible en eau (32,2 ± 1,4%), selles (5 ± 0,3%) et gaz respiratoires, c.-à-d. CO2 expiré – O2 incorporé (10,6 ± 5,4 %).

Malgré les observations des valeurs élevées d’acide urique, aucun des participants n’a développé de signes de goutte. Au lieu de cela, toutes les douleurs de la colonne vertébrale et des articulations progressivement disparu.

Au cours des jours 0 à 5 et 8, tous ont démontré une stabilité hémodynamique avec des valeurs sûres de pression artérielle, fréquence cardiaque, saturation en oxygène de l’hémoglobine et sérum Na +, K +, Cl–, urée, créatinine, glucose et osmolalité. Les graphiques et valeurs p respectifs n’étaient pas inclus ici car ils étaient presque identiques à ceux observé dans notre étude précédente. Jusqu’en octobre 2018, les valeurs de tous les paramètres critiques sont restées exactement au niveau pré jeûne sec.

 

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L’analyse du rapport des composants de perte de poids en combinaison avec les changements somatométriques, peuvent conduire au développement d’une nouvelle étiologie, prévention et concepts dans le traitement de l’obésité.

Conclusion : les mécanismes sous-jacents à la compensation de l’hypertonicité et de l’hypovolémie et l’analyse du rapport des composantes de perte de poids ont été présentés. Le JS a démontré des effets antioxydants, anti-ischémiques, immunostimulants, anti-œdémateux et anti-inflammatoires à court terme. Les résultats peuvent avoir un impact sur le développement de nouveaux concepts pour le traitement de l’œdème, de l’obésité et des maladies inflammatoires et ischémiques.

Même compensée, l’hypovolémie, l’hypertonie et la diminution de la vitamine C limitent le temps d’application de cette méthode à quelques jours. Par conséquent, il ne peut avoir qu’un effet à court terme, tandis que la surveillance médicale devient obligatoire.

De plus, les mécanismes de compensation nécessitent évidemment une fonction endocrine et rénale intacte. Ainsi, les personnes souffrant d’insuffisance hypophysaire, surrénalienne ou rénale ne doit pas jeûner à sec plusieurs jours.

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour compléter le profil endocrinien du jeûne sec, l’enregistrement d’autres effets secondaires possibles, la description de son spectre thérapeutique complet et la préparation de nouvelles approches métaboliques pour un jeûne sec de longue durée, permettant des effets à long terme.

Mes remarques sur cette étude :

Il s’agit d’un jeûne sec de 5 jours. Bien que reconnaissant des effets à immédiats avec de ce type de jeûne, l’étude conclut qu’il est nécessaire d’allonger le jeûne ou de le réitérer l’opération pour les pérénniser. Une conclusion déjà faite par le Dr Serguei Filonov qui considère pour qu’un jeûne sec soit thérapeutique, il est nécessaire qu’il soit de 5 jours minimum et doit être réitéré. Ainsi Filonov impose dans sa pratique médicale au minimum deux jeûnes secs de 7 jours minimum avec réalimentation entre les deux.

Comme dans la première étude, les chercheurs ne rapportent pas de difficulté particulière pour les jeûneurs pour aller jusqu’aux 5 jours. Sur mon groupe Facebook comme d’autres, on observe que certains ont beaucoup de mal en revanche. Mon opinion, comme celle de Cole Robinson qui gère le groupe Snake diet Motivation est que les organismes dénutris ne doivent pas jeûner à sec.  Si votre alimentation ne satisfait pas les besoins de votre organisme en quantité et qualité, il se peut que votre organisme refuse inconsciemment le jeûne.

Le niveau de potassium (K+) n’a pas bougé en 5 jours. Ce qui est à mon avis important, car on nous vend de plus en plus aux jeûneurs la prétendue importance de boire des électrolytes en raison du syndrome de rénutrition inapproprié ou des problèmes d’hyerkalémie. Doit-on alors vraiment prendre des électrolytes si on ne fait pas d’exercices physiques ou si on ne ressent pas de fatigue excessive  ? Cette question doit être creusée.

Vous trouverez l’évolution des paramètres des jeûneurs de l’étude ici.

Pour traiter du jeûne sur Facebook et d’alimentation sans idéologie aller ici. Pour en savoir plus sur le pouvoir du jeûne allez ici.

 

Jeûne sec : le corps produirait ses propres réserves en eau

Herbert2512/Pixabay

Une étude de 2016 réalisée sur des oiseaux mandarins montre comment l’organisme se maintiendrait malgré l’absence d’apport d’eau lors d’un jeûne sec.

Je traduis l’extrait et la conclusion de l’étude que vous trouverez ici en intégralité.

De Joanna Rutkowska*, Edyta T. Sadowska, Mariusz Cichońand Ulf Bauchinger

Les schémas de flexibilité physiologique en réponse au jeûne sont bien établis, mais on en sait beaucoup moins sur la contribution de la privation d’eau aux effets observés.

Nous avons étudié la composition corporelle et les bilans énergétique et hydrique de trois groupes de mandarins : les oiseaux ayant accès à de la nourriture et à de l’eau, les oiseaux privés de nourriture, mais ayant néanmoins accès à de l’eau potable et des oiseaux privés de nourriture et d’eau. Les animaux n’étaient pas stimulés par une dépense énergétique élevée et se trouvaient dans des conditions thermo-neutres.

Ainsi, d’après des études antérieures, l’équilibre hydrique des oiseaux à jeun devait être maintenu par un catabolisme accru des protéines. Contrairement à cette attente, nous avons constaté que l’accès à l’eau n’empêchait pas la réduction du tissu protéinique, mais permettait de préserver les réserves de graisse des oiseaux à jeun.

Ainsi, le bilan hydrique des oiseaux à jeun sans accès à l’eau semblait être maintenu par un catabolisme adipeux élevé, qui générait 6 fois plus d’eau métabolique que celui des oiseaux ayant accès à l’eau.

Par conséquent, nous révisons les points de vue actuellement établis et proposons que les matières grasses soient la principale source de production d’eau métabolique. Auparavant, on supposait une augmentation de la dégradation des protéines pour le maintien du bilan hydrique si les réserves de graisse étaient épuisées ou si le catabolisme de la graisse atteignait sa limite supérieure en raison d’une forte demande en énergie.

Conclusion de l’étude :

Notre étude propose une nouvelle hypothèse de graisse pour l’eau en démontrant clairement que le manque d’eau ingérable augmente considérablement le catabolisme de la graisse. La graisse est la principale source d’énergie et sa décomposition produit également de l’eau métabolique. On supposait auparavant que les animaux au repos utilisaient un catabolisme des protéines (au lieu des graisses) pour maintenir l’équilibre hydrique. Nous montrons ici que la graisse est une source primaire de production d’eau métabolique dans le cadre des besoins énergétiques de base du jeûne, en l’absence de conditions physiologiques nécessitant une dépense énergétique élevée. Nous suggérons que le maintien du bilan hydrique par une augmentation de la décomposition des protéines pourrait éventuellement se produire si les réserves de graisse sont épuisées ou si le catabolisme de la graisse est déjà élevé au maximum en raison d’importants besoins en énergie ou si le taux de perte en eau dépasse le taux potentiel de la production d’eau à partir de graisses. Les études ultérieures devraient examiner si le mécanisme à la base de notre constatation est lié à une activité accrue des oiseaux privés de nourriture et d’eau.

Cette étude prouve comme d’autres déjà réalisées sur des camélidés que l’organisme en état de jeûne sec ne tombe pas en déshydratation critique comme la croyance populaire semble le penser. Au contraire, avec la cétose, la graisse est dégradée pour pourvoir l’organisme en énergie, mais également en eau. Une affirmation déjà avancée par le docteur russe Serguei Filonov.

Cette étude montre même que l’eau produite par les oiseaux soumis à un jeûne sec produisent six fois plus d’eau que les volatiles qui ont accès à l’eau. Notons que les oiseaux étaient tous dans une atmosphère tempérée où il n’ont pas eu à dépenser leur energie de manière excessive. Dans le cas contraire, les chercheurs supposent que si les réserves de graisses venaient à être totalement épuisées, une dégradation des protéines (muscles) serait inélectuctable.

Le jeûne rétablirait les capacités reproductives chez la femme

La reproduction féminine est un phénomène d’une extraordinaire complexité. Pour que les capacités de reproduction soient optimales, la combinaison idéale de facteurs hormonaux est nécessaire. Ainsi, si la production d’hormone comme les estrogènes, la progestérone, l’hormone lutéinisante ou l’hormone folliculo-stimulante est trop élevée ou trop basse à un moment ou un autre du cycle ovulatoire, la conception peut en être entravée.

Or, nombre des hormones qui interviennent dans le cycle ovulatoire voient leur production impactée par le stress, le surpoids, l’obésité ou l’hypertension.

Par exemple, le syndrome des ovaires polykystiques ou Sopk est l’une des pathologies les plus fréquentes chez la femme. Il est responsable de nombre cas d’infertilité. L’une des causes les plus courantes du Sopk est la résistance à l’insuline.

Or, de nombreuses études confirment que le jeûne permettrait de rétablir les fonctions reproductives de la femme, notamment par le réajustement hormonal qui s’ensuit.

Ainsi, une étude récente, menée sur des femmes atteintes du Sopk, a révélé que le jeûne peut réduire l’hyperactivité sympathique chronique du Sopk. Ceci, à son tour, réduira les niveaux des neurohormones de stress et assurera la santé physique et mentale de la patiente.

Une autre étude a montré que la restriction calorique à court terme permettait d’augmenter l’hormone lutéinisante chez les femmes obèses atteintes de Sopk, ce qui souligne l’effet bénéfique du jeûne sur la correction problèmes ovulatoires.

Enfin, d’autres études révèlent qu’une perte de poids de seulement 5 à 10% présente des avantages cliniques significatifs qui améliorent les résultats psychologiques, les caractéristiques de la reproduction (cycle menstruel, ovulation et fertilité) et les caractéristiques métaboliques (résistance à l’insuline et facteurs de risque de maladie cardiovasculaire).

Dans cette revue, les chercheurs Pradeep M. K. Nair et Pranav G. Khawale ont conclu que le jeûne est très bénéfique pour les fonctions reproductrices de la femme. Ainsi, si vous avez du mal à concevoir, n’hésitez pas à envisager de jeûner un peu.

Pour aller plus loin dans le jeûne, voyez ici les possibilités du jeûne.