
Peinture de Jim Warren
CERTAINS MOTS utilisés depuis longtemps rassemblent tellement de connotations étranges et diverses qu’ils cessent presque de signifier quoi que ce soit. Un tel mot est le mot imagination. Ce mot rassemble toutes sortes d’idées, certaines d’entre elles totalement opposées les unes aux autres: fantaisie, pensée, hallucination, suspicion: en effet, si large est son utilisation et si nombreuses ses significations que le mot imagination n’a pas de statut ni signification fixe.
Par exemple, si nous demandons à un homme «d’utiliser son imagination», nous laissons entendre que sa vision actuelle est trop restreinte et donc pas à la hauteur. Dans le même souffle, si nous lui disons que ses idées sont « pure imagination », cela implique que ses idées ne sont pas saines. Nous parlons d’une personne jalouse ou suspecte comme une «victime de sa propre imagination», ce qui signifie que ses pensées sont fausses. Une minute plus tard, nous prêtons un homme le plus grand hommage en le décrivant comme un « homme d’imagination ».
Ainsi, le mot imagination n’a pas de sens précis. Même le dictionnaire nous donne aucune aide. Il définit l’imagination comme:
1) le pouvoir imaginer ou acte de l’esprit, le principe constructif ou créatif
2) un phantasme
3) une notion irrationnelle
4) la planification, le traçage ou l’intrigue impliquant une construction mentale.
J’identifie le personnage central des Évangiles, Jésus, avec l’Imagination Humaine, la puissance qui pardonne les péchés, et qui rend la réalisation de nos objectifs, inévitable.

Le Christ de St jean sur la Croix – Salvadore Dali – 1951
Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans elle. – Jean 1: 3
Il n’y a qu’une seule chose dans le monde, c’est l’imagination, et tout dérive d’elle.
Il est méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance. – Esaïe 53: 3
L’imagination est la porte d’entrée même de la Réalité.
William Blake a déclaré: «L’homme», est soit l’arche de Dieu ou un fantôme de la terre et de l’eau. » « Si on ne reste qu’au niveau physique, il n’est qu’un sujet d’organe assujetti aux sens ».

Le poète, graveur, peintre et mystique William Blake par Thomas Phillips
« Le corps éternel de l’homme est l’imagination, qui est Dieu lui-même, le Corps Divin. [Yod, Shin, Ayin; de droite à gauche]. Jésus, nous sommes ses membres. »( Le nom Jésus est une dérivation et une altération du nom hébreu Yahshuah (יהשוה), et qui s’écrit yod-shin-‘ayin, et qui signifie sauver. (Note de la traductrice))
Je ne connais pas la définition plus vraie et plus grande de l’imagination que celle donnée par Blake. En imagination, nous avons le pouvoir d’être tout ce que nous voulons être.
Grâce à l’imagination, nous désarmons et transformons la violence du monde. Nos relations les plus intimes de même que les occasionnelles deviennent imaginatives, lorsque nous nous éveillons au « mystère caché depuis les siècles » [Colossiens 1:26], que le Christ en nous est notre Imagination.
Nous réalisons ainsi que seulement quand nous vivons par l’imagination, nous pouvons dire que nous vivons vraiment.
Je veux que ce livre soit le plus simple, le plus clair, et le plus franc que ce travail puisse donner et qu’il puisse vous encourager à fonctionner avec votre imagination, afin d’ouvrir vos « yeux immortels vers l’intérieur dans le monde de la pensée » [William Blake], où vous verrez tous les désirs de votre cœur comme des grains mûrs « blancs pour la moisson » [Jean 4:35].
« Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » Jean 10:10
La vie abondante que le Christ nous a promis est la nôtre dès maintenant, mais nous ne l’expérimenterons que quand nous comprendrons que le Christ que notre imagination.
« Le mystère caché aux âges … Christ en vous, l’espérance de la gloire, » Colossiens 1: 26,27, est votre imagination.
Tel est le mystère que je me suis efforcé depuis de réaliser toujours plus profondément et exhorté les autres à faire.
L’imagination est notre Rédempteur, « le Seigneur du Ciel » né de l’homme, mais pas engendré de l’homme [Le Credo de Nicée-Constantinople ou le Symbole de la Foi, 325/381 AD].
Chaque homme est Marie et doit donner naissance à son Christ.

Mosaïque représentant Marie; mère de Dieu et Jésus son fils. Ses personnages ne sont pas des physiques mais des états de conscience que nous devons faire émerger de nous-mêmes. Notre but est de prendre conscience que nous sommes tous Marie qui donne naissance à Dieu en devenir. C’est cela que nous devons nous attacher à faire.
Si l’histoire de l’Immaculée Conception et de la naissance du Christ apparaît irrationnelle à l’homme, c’est seulement parce ce récit mystique a été interprété comme biographie, histoire et cosmologie, et les explorateurs modernes de l’imagination n’aident pas en l’appelant l’esprit inconscient ou subconscient.
La naissance et la croissance de l’imagination est le passage progressif d’un Dieu de la tradition à un Dieu d’expérience. Si le processus de la naissance du Christ dans l’homme semble lent, il est seulement parce que l’homme ne veut pas lâcher l’ancrage confortable mais faux de la tradition.
Quand l’imagination sera découverte comme le premier principe de la religion, la pierre de compréhension littérale sentira la verge de Moïse et, comme le rocher de Sion [Ésaïe 28:16; Romains 9:33], et fera jaillir l’eau de la signification réelle et profonde afin d’étancher la soif de l’humanité. De plus, tous ceux qui prendront la coupe offerte et vivront une vie selon cette vérité transformeront l’eau de signification psychologique dans le vin du pardon. Puis, comme le bon Samaritain [Luc 10: 33-35], ils le déverseront sur les blessures de tous.
Le Fils de Dieu ne pas être trouvé dans l’Histoire, ni dans aucune forme extérieure. Il ne peut être trouvé que dans l’imagination de celui en qui sa présence se manifeste.
Que ton cœur soit une crèche pour sa naissance! Dieu deviendra une fois de plus un enfant sur la terre. [Angelus Silesius, un poète du 17ème siècle]
L’homme est le jardin où ce Fils unique de Dieu dort. Il réveille ce Fils en soulevant son imagination vers le ciel et en habillant l’homme de sa stature divine. Nous devons continuer à imaginer mieux que le meilleur que nous savons.
L’homme au moment de son réveil à la vie imaginative doit satisfaire au test de la filiation.
«Père, révéle ton Fils en moi» [James Montgomery] et «Il a plu à Dieu de révéler son Fils en moi». Galates 1: 15,16
Le test suprême de filiation est le pardon des péchés. Le test que votre imagination est Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est votre capacité à pardonner le péché. Pécher signifie manquer sa marque dans la vie, rester en deçà de son idéal, ne pas atteindre son but. Le pardon des péchés signifie l’identification de l’homme avec son idéal ou le but dans la vie. Telle est l’œuvre de l’imagination éveillée, l’œuvre suprême, car il teste la capacité de l’homme d’entrer et de participer à la nature de son contraire.
Que l’homme faible dise, je suis fort. Joël 3:10
D’un point de vue raisonnable, cela est impossible. Seule l’imagination éveillée peut entrer et participer à la nature de son contraire.
Cette conception de Jésus-Christ comme l’imagination humaine soulève ces questions fondamentales: Est-ce que l’imagination est une puissance suffisante, non seulement pour me permettre de supposer que je suis fort, mais aussi pour en exécuter l’idée?
Supposons que je veuille être dans un autre lieu ou dans une autre situation. Pourrais-je, en m’imaginant dans un tel état et tel lieu, le manifester physiquement ? Supposons que je ne puisse pas payer le voyage et supposons mon statut social et que mon état financier actuel s’oppose à l’idée que je veuille réaliser. L’imagination serait – elle d’elle-même suffisante à incarner ces désirs? Est-ce que l’imagination suppose la raison? Par raison, j’entends déductions de l’observation des sens.

Voguer de Arthur Sarnoff
Reconnaît-elle le monde extérieur des faits? De manière pratique dans la vie quotidienne, l’imagination est-elle un guide complet de comportement?
Supposons que je sois capable d’agir avec une imagination continue, et donc que je sois capable de maintenir le sentiment de mon souhait accompli, ma présomption va-t-elle se manifester en fait?
Et, si mon fait imaginé se manifeste effectivement en fait, doit-je penser que pendant la période d’incubation ma réflexion a été raisonnable ? Est-ce mon imagination est une puissance suffisante, non seulement d’assumer le sentiment du vœu exaucé, mais est-elle aussi d’elle-même capable d’incarner l’idée?
Après m’être imprégné du sentiment de ce que je suis déjà ce que je veux être, dois-je me laisser guider en permanence par des idées et des actions raisonnables pour parvenir à la réalisation de mon désir?
L’expérience m’a convaincu que les présomptions, bien que fausses, si elles sont maintenues malgré tout, vont se durcir en fait, que l’imagination continue est suffisante pour toutes les choses, et tous mes plans et actions raisonnables ne compenseront jamais mon manque d’imagination continue.
Est-il vrai que les enseignements de l’Évangile ne peuvent être reçus qu’en termes de foi et que le Fils de Dieu est constamment à la recherche de signes de la foi dans les gens – qui est, la foi dans leur propre imagination?
N’est-ce pas la promesse qui affirme que « Croyez que vous recevez et vous recevrez », Marc 11:24, ne signifie-t-il pas la même chose que « Imaginez que vous êtes et vous serez« ? N’était-ce pas grâce à état imaginaire que Moïse endura, « comme voyant celui qui est invisible » [Hébreux 11:27]?
N’était-ce pas par la puissance de son imagination qu’il a enduré?
La vérité dépend de l’intensité de l’imagination, et non des faits extérieurs. Les faits ne sont les témoins portant des fruits de l’utilisation bonne ou mauvaise de l’imagination.
L’homme devient ce qu’il imagine. Son histoire est déterminée par lui-même. L’imagination est le chemin, la vérité, la vie révélés.
Nous ne pouvons pas mettre le doigt sur la vérité avec l’esprit logique. Lorsque l’homme voit avec ses sens un bourgeon, l’imagination voit une rose épanouie.

Profonde beauté rouge par Dsisson
La vérité ne peut pas être comprise par les faits.
Comme nous nous éveillons à la véritable vie imaginative, nous découvrons que d’imaginer une chose la manifeste, et donc qu’un véritable jugement ne doit pas conforme à la réalité extérieure à laquelle il se rapporte.
L’homme à l’imagination puissante, ne nie pas la réalité du monde extérieur sensible du devenir, mais il sait c’est le monde intérieur de l’imagination continue qui est la force par laquelle le monde extérieur sensible est créé. Il voit le monde extérieur et tous ses événements comme des projections du monde intérieur de l’imagination.
Pour lui, tout est une manifestation de l’activité mentale qui se passe dans l’imagination de l’homme, contrairement à l’homme « raisonnable » qui n’a conscience que de ses cinq sens.
Mais il se rend compte que tout homme doit prendre conscience de cette activité intérieure et de comprendre la relation entre le monde causal interne de l’imagination et le monde extérieur des effets.
C’est une chose merveilleuse de trouver que vous pouvez vous imaginer votre désir accompli et échapper aux prisons que l’ignorance construit.
Le véritable homme est magnifique imagination. C’est cet être qui doit se réveiller.
Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ te donnera la lumière. Ephésiens 5:14
Le moment où l’homme découvre que son imagination est le Christ, il accomplit des actes que l’on considère comme miraculeux. Mais jusqu’à ce que l’homme ait le sens du Christ comme son imagination, il verra tout dans l’objectivité pure, sans aucune relation subjective.
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi; mais moi, qui vous ai choisis« , Jean 15:16
Ne réalisant pas que tout ce qu’il rencontre fait partie de lui-même, il se rebelle à la pensée qu’il a choisi les conditions de sa vie, et qu’ils sont liés par affinité à sa propre activité mentale.
L’homme doit fermement parvenir à croire que la réalité est en lui et non dehors.
Bien que d’autres ont un corps, une vie qui leur est propre, leur réalité est ancrée en vous, se termine en vous, comme la vôtre se termine en Dieu.